En réponse à Meyrieu
Rédigé par André Cabaret - - Aucun commentairePour prolonger l'article de Ph. Meyrieu :
Exact. Une consigne donnée à tout le monde doit être répétée à chacun. Un effort d'attention de plus de trois secondes est un supplice. Ce que dit ou fait le voisin n'atteint personne autour de lui. On a l'impression qu'une sorte d'autisme emprisonne les élèves pourtant pas autistes dans une bulle qui les isole littéralement du monde (j'exagère un peu, sans doute, mais enfin pas tant que ça...). Plusieurs causes à cela. J'en ai vécu une dans les années 1986-1987 avec la privatisation de TF1, l'apparition du club Dorothée, le criard Jacky et le progrès des tables de mixage audiovisuelles: grâce à cet appareil, le chef de plateau peut contrôler plusieurs caméras et, sautant de l'une à l'autre, obtenir des plans différents, très courts, d'une seconde, qui font que l'image se morcelle littéralement devant les yeux des téléspectateurs. C'est comme cela que sont filmés les concerts, les défilés, les épreuves sportives. A force de vouloir tout montrer, de voleter d'un gros plan à un plan large puis à un plan de coupe, de face, de profil, de trois quarts, avec caméras sur roulettes ou suspendues, on finit par ne plus avoir de vue d'ensemble. Dans la têtes de nos jeunes (et maintenant aussi des moins jeunes) c'est pareil: émiettement et rapidité ne font pas bon ménage avec attention et compréhension. Or on nous fait comprendre (discours maintes fois entendu) que si on fait des plans plus long, les spectateurs vont "s'ennuyer"! Et zapper... et faire perdre des parts de marché publicitaire à la chaîne, d'où la concurrence et la surenchère d'effets dits spéciaux, de cadrages mouvants, de plans ultra-courts qui aboutissent à l'abrutissement généralisé... Essayez de suivre le fil du discours d'un type qu'on voit sous toutes les coutures avec des plans qui changent sans arrêt; vous verrez, on arrive à le perdre, ce fil... On me dira : mais un prof qui parle, on le voit tout le temps pareil ! Certes. Sauf que, justement, ce prof qui ne bouge pas, qui parle comme un intello, qu'on est obligé d'écouter, c'est ennuyeux aussi. D'où ce désaccord entre l'envie de voir des trucs sympas et l'obligation d'apprendre des trucs pas sympas. Cela c'était pour la télé, mais il y a d'autres causes au malaise ambiant ; ce sera pour une prochaine fois !